Focus : Nikos Pappas, Greek dreamin’
La petite tête brulée du basket-ball grec a pris son envol cette saison pour enfin confirmer tous les espoirs placés en lui.
Meilleur marqueur du surprenant Panionios (17 pts, 3.9 rbds, 3 pds), Nikos Pappas a pris son temps avant de confirmer en professionnels. Mercenaire, caractériel, soliste, trou noir en défense, espoir déchu, le Grec a longtemps été la cible des critiques les plus virulentes après avoir rayonné en jeunes. Portrait.
Faux départ
Vice-champion puis champion d’Europe des moins de 18 ans et de 20 ans, vice-champion du monde des moins de 19 ans, Nikos Pappas a tout raflé ou presque dans les catégories de jeunes, en compagnie notamment des deux Kostas, Papanikolaou et Sloukas. Leader d’une génération dorée, le jeune Nikos a sauté le pas en 2008 en signant pour cinq saisons avec Bilbao, espérant imiter le parcours d’un Tiago Splitter venu y achever sa formation quelques années plus tôt.
« Il a été difficile de quitter mon pays si jeune, surtout après le trophée de champion d’Europe (contre la France, ndlr) que nous avions remporté à domicile. Je voulais rester un peu plus et profiter. Néanmoins, j’y ai passé du bon temps. J’ai acquis de l’expérience. Bilbao m’a prêté dans l’équipe réserve du Real Madrid où j’ai joué avec de jeunes espoirs devenus stars du basket européen comme Nikola Mirotic et Bojan Bogdanovic », se remémore-t-il.
Le bonhomme a du talent mais la mémoire courte. Placé dans les très fonds du championnat espagnol, il s’approche péniblement de la dizaine de points par match et ne convint pas Bilbao de lui offrir un spot dans son équipe fanion pour la saison suivante. Le temps d’un prêt de deux ans du côté de Rhodes (trophée du meilleur espoir 2010), le bougre revient au Pays basque et se prend un nouveau râteau de la part de Fotis Katsikaris.
Coupable de mauvais comportements, Bilbao Basket met un terme à son contrat alors qu’il lui restait deux ans de bail et 500 000 euros à palper. Rien que ça. Nouvel accroc pour le scoreur de 21 ans qui, malgré un (trop tardif) jugement rendu en sa faveur par la FIBA, voit sa réputation passablement écornée.
Libre, après être resté plusieurs semaines sur le carreau, il rejoint le PAOK et achève sa demi-saison honorablement (10.6 pts) au moment où plusieurs de ses anciens partenaires en jeunes réalisent le doublé Euroligue-A1. Moche.
« Papanikolaou, Sloukas et Mantzaris étaient sur le parquet au moment où l’Olympiacos réalisait son come-back contre le CSKA », rumine-t-il.
«Ça faisait bizarre, mais c’est humain. J’étais jaloux. Mais j’ai aussi apprécié ! C’était quelque chose d’incroyable. J’ai vu mes amis arriver au sommet de l’Europe, j’étais content pour eux et je voulais être avec eux. J’ai joué avec eux tant d’années. Mon égo a été blessé ».
Pappas espère dès lors trouver une place chez un des deux ténors du championnat grec. En vain. La faute à sa réputation, qu’il a lui-même entretenue durant l’inter-saison, lorsqu’il créa la polémique lors des championnats du monde mixte de 3×3.
Auteur de propos jugés déplacés envers sa coéquipière, Katarina Sotiriou, alors que celle-ci venait d’offrir un panier facile à l’adversaire, il est invité à présenter ses excuses officielles. Tempête dans un verre d’eau ? Pas en Grèce. Bye-bye le doux rêve de porter le maillot du Panathinaikos.
« Je me sentais prêt, mais rien n’est venu. Je joue aujourd’hui au Panionios, une équipe qui n’est pas du même niveau, mais un club très important en championnat. Plusieurs choses ont joué contre moi. J’ai eu ma part d’erreurs quand j’étais plus jeune. J’étais inexpérimenté, jeune et parfois naïf. Il y avait aussi des lacunes dans mon jeu, comme ma défense », confesse-t-il désormais.
Le nouveau Spanoulis ?
Responsabilisé, placé aux côtés de l’ancien (décevant) malagueños Mark Payne et du talentueux Vladimir Jankovic, Pappas prend son envol sous la houlette de Giannis Sferopoulos, celui qui l’avait déjà coaché au Kolossos Rhodes.
« Certains prétendaient que j’avais atteint le maximum de mon potentiel en espoirs, cela a été une motivation supplémentaire pour moi ».

Spanoulis sous les ordres de Giannakis au BC Maroussi
Nommé MVP de la première partie du championnat, le combo-guard fait taire les mauvaises langues et saliver les furieux de la Gate 13. Adroit à longue distance, efficace sur jeu de transition, excellent en sortie d’écran, le natif de Maroussi ressemble à s’y méprendre à un autre joueur qui avait en son temps mis le feu à ce même quartier athénien : Vassilis Spanoulis.
Tête brûlée à la recherche de reconnaissance, scoreur envers et contre tous, Pappas pue le V-Span du milieu des années 2000. Si son geste à longue distance et sa défense doivent encore être travaillés malgré de réels progrès, celui qui se définit comme faisant partie de la caste des « arrières scoreurs » éblouit par sa capacité à se créer son propre shoot et à provoquer des fautes. Le signe des grands attaquants.
« Spanoulis est mon modèle absolu. Il y a d’autres grands joueurs, mais lui évolue dans un registre que j’affectionne. Il a évolué tout au long des années et est un leader. Sa mentalité et son caractère définissent sa carrière. Il n’est pas facile d’être comme Spanoulis. J’espère qu’un jour je pourrai aussi conduire une équipe au succès ».
Et des progrès, Pappas en a beaucoup à faire. Bien que ses larges épaules et sa fougue lui permettent d’aller se frotter à l’intérieur, son manque d’expérience est encore flagrant face à des défenses resserrées. Un passage sous l’œil bienveillant d’un grand coach devrait donc lui permettre de mûrir et d’apprendre à mettre davantage ses partenaires en évidence, à l’instar du Spanoulis des années 2000.
« Je suis ambitieux, je veux gagner des titres et jouer l’Euroligue. Ça veut dire que je dois améliorer mon jeu. Beaucoup de grands scoreurs ont marqué l’histoire. Je ferai ce que j’ai à faire, je changerais même mon style de jeu s’il le faut ».
Sweepé en demi-finale par le Panathinaikos, Nikos Pappas va donc quitter Panionios et sa salle de 2 000 places (même pas la moitié avec les normes françaises). Mais il faudra tout de même sortir quelques drachmes pour le convaincre.
« Je veux aller dans une équipe qui gagne des titres et joue l’Euroligue. Après, tout va être une question de temps de jeu, de rôle et d’argent. Je veux m’améliorer et gagner de l’argent pour moi et ma famille ».
Le Panathinaikos et l’Olympiacos sont prévenus.